FIDUCIE NATIONALE DU CANADA AJOUTE LE PONT ALEXANDRA SUR SA LISTE DES LIEUX MENACÉS

Alexandra Bridge / Photo: Paul de Broeck via National Trust for Canada

Thursday, April 29, 2021

La Fiducie nationale du Canada

La Liste des lieux menacés de la Fiducie nationale braque les projecteurs de la nation sur les lieux du patrimoine en péril, que ce soit ces lieux de culte, des paysages culturels autochtones, des demeures et des écoles historiques ou des rues principales traditionnelles.

Le 30 avril, la Fiducie nationale a annoncé l'addition du pont Alexandra d'Ottawa-Gatineau sur sa liste des lieux les plus menacés de 2021 pour les raisons suivantes :

POURQUOI C’EST IMPORTANT

L’imposant pont Alexandra est un élément clé d’un paysage culturel d’importance nationale: la cité parlementaire au cœur de la capitale du Canada. Quand le gouvernement fédéral a annoncé son intention de le démolir, des citoyens et des organisations des deux côtés de la rivière des Outaouais, à Gatineau et à Ottawa, se sont alarmés.

Celui qu’on appelle aussi le pont interprovincial Royal Alexandra a été construit en 1898-1900 par la compagnie Dominion Bridge. C’était la première fois qu’une entreprise canadienne relevait un défi d’ingénierie d’une telle ampleur. La Société canadienne d’ingénieurs reconnaîtra qu’il s’agit d’un ouvrage exceptionnel, en raison de sa conception innovante de pont cantilever à treillis d’acier.

Dans un élan de solidarité interprovinciale, des acteurs des domaines du patrimoine, des transports et de l’environnement ont formé une coalition pour la défense du pont Alexandra. Le groupe rappelle au gouvernement fédéral que la démolition proposée du pont va directement à l’encontre de ses propres politiques et priorités de réduction des émissions de carbone, de promotion d’une relance verte et de respect du patrimoine culturel fédéral. La coalition presse le gouvernement de revenir sur sa décision de remplacer le pont historique et d’étudier rigoureusement les options de réhabilitation du pont permettant qu’il continue de servir au transport actif.

POUR QUELLE RAISON SONT-ELLES EN DANGER?

En 2019, la lettre de mandat de la ministre de Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) Anita Anand indiquait que le remplacement du pont était une priorité, comme le faisait aussi le budget fédéral de 2019. Le public n’a été invité à discuter du projet qu’à l’automne 2020, quand la Commission de la capitale nationale a entamé un processus de consultation publique. Et alors, il s’agissait seulement de discuter de la commémoration du pont – une fois qu’il serait démoli.

Ni le public ni les élus municipaux d’un côté ou de l’autre du pont n’ont eu la possibilité de donner d’avis sur la décision de démolir.

Un rapport d’analyse du cycle de vie commandé par SPAC en 2018 recommandait de réaliser diverses études supplémentaires – y compris une évaluation patrimoniale – avant de prendre une décision finale sur le choix entre réparation et remplacement du pont. Il semble que ces études n’aient pas été réalisées avant l’annonce de la démolition, en 2019.

Faute de mesures législatives fédérales pertinentes sur le patrimoine, il n’y a pas de processus pour évaluer les ouvrages de génie patrimoniaux, non plus que de protection exigeant un examen convenable avant toute transformation majeure ou démolition. Les lettres de mandat de deux autres ministres demandent d’assurer la protection de biens du patrimoine appartement au gouvernement fédéral – comme le pont Alexandra. Il y a ainsi un conflit direct avec le mandat de la ministre Anand.

QUE DOIT-ON CHANGER?

La démolition prévue du pont Alexandra sans processus d’examen du patrimoine ni consultation véritable de la communauté est symptomatique du manque de mesures législatives pour les biens patrimoniaux fédéraux, faisant que le travail actuel du gouvernement en vue de créer de telles mesures législatives est d’autant plus urgent. La démolition prévue va directement à l’encontre des objectifs que le gouvernement a récemment annoncés face aux changements climatiques autant que de la priorité qu’il veut accorder à une relance verte.

Il est particulièrement troublant de constater qu’une des justifications données pour la démolition d’un pont historique est l’amélioration de la circulation automobile dans les centres résidentiels de Gatineau et d’Ottawa – alors que les villes cherchent à limiter la circulation automobile dans ces quartiers historiques.

La Fiducie nationale croit que le gouvernement doit assurer un leadership décisif face à la crise climatique, or la conservation et la réutilisation d’immeubles et de structures existantes devrait être au cœur des efforts en ce sens. Le fait de démolir un pont historique fédéral et augmenter la circulation automobile est un grand pas dans la mauvaise direction et envoie le mauvais signal aux autres gouvernements et au secteur privé.