34. Tour de lessivage de la Compagnie E.B. Eddy

Construction :  1901

Architectes :  Inconnus

Emplacement :  Arès du Musée canadien de l’histoire, parc Laurier, Hull (maintenant Gatineau)

 

La tour de lessivage de la Compagnie E.B. Eddy est un éminent témoin du passé industriel de la vallée de l’Outaouais.

Ezra Butler Eddy (1827-1906) a créé le E.B. Eddy Manufacturing Company à Hull, au côté nord de la rivière des Outaouais, en face de la Colline du Parlement, en 1888.  Eddy était l'un des industriels les plus innovants au Canada. L'énorme tour verticale, la première du genre, a été construite en 1901 pour l'usine de pâte au bisulfite de l'entreprise.

Le lessivage fait du bois une pâte souple convenant à la fabrication de papier.  Dans la tour se trouve la cuve cylindrique sous pression en acier entourée de brique, comme à l’origine.  Les murs de la tour sont faits d’une double paroi de pierre calcaire remplie de pierraille. Les planchers sont en béton armé, soutenus par des poutres en I d’acier ou de fortes poutres de bois.

Le 21 février 1972, le gouvernement fédéral annonce l’achat de 44 acres de terrain de la Compagnie E.B. Eddy, le long de la rivière.   La tour de lessivage sera fermée, et elle sera destinée à être remblayée.

En 2010, la journaliste Maria Cook racontera dans l’Ottawa Citizen comment Patrimoine Ottawa a fait obstacle à la démolition :

"Un jour d’été en 1972, en franchissant en voiture le pont Alexandra, Bob Phillips [cofondateur de Patrimoine Ottawa], a vu des bulldozers s’affairant « comme une armée de fourmis résolues » à aplatir l’usine de pâte et papier E.B. Eddy, là où se trouve aujourd’hui le Musée canadien des civilisations. « Quand ils ont commencé à attaquer les fondations de la tour de lessivage », Phillips s’est rué sur une cabine téléphonique, a appelé Rod Clack, le directeur général de la Commission de la capitale nationale, et a « plaidé à bout de souffle pour qu’il sauve le patrimoine archéologique irremplaçable de Hull jusqu’à ce qu’ils puissent s’asseoir pour en discuter ». Dix minutes plus tard, les bulldozers se sont arrêtés."

Malgré tout, l’avenir de la tour de lessivage n’était pas encore réglé.  Des études de faisabilité sur la stabilisation n’étaient pas prometteuses, mais la CCN a rempli la plupart des ouvertures des fenêtres avec des blocs de béton.  Le 10 février 1983, arrive l’annonce que le nouveau Musée national de l’Homme (qui deviendra le Musée canadien des civilisations, puis le Musée canadien de l’histoire) serait situé dans le parc Laurier, ancien terrain d’E.B. Eddy au bord de la rivière, sur lequel se trouvait la tour de lessivage.

En 1984, le Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine proclame que la tour de lessivage d’E.B. Eddy est un édifice du patrimoine reconnu.  Au nom de Patrimoine Ottawa, le vice-président Mark Brandt commence en janvier 1989 à étudier les moyens possibles de sauver la tour. En mettant sur pied le comité des amis de la tour, il découvre de nombreux ardents défenseurs de la structure, venant de divers horizons, y compris George MacDonald, directeur du Musée canadien des civilisations.

Le Musée s’associe à Patrimoine Ottawa, à la Ville de Hull, à l’École d’architecture de l’Université Carleton et à la Société historique de la vallée de la Gatineau pour organiser une charrette de conception visant à trouver de nouvelles idées de réutilisation adaptée de la tour. Le projet bénéficiera d’une vaste couverture médiatique. Peu après, le ministère des Travaux publics et la CCN s’entendront sur un plan financier permettant de sauver la tour.

En 2001, le Musée canadien des civilisations commande une étude technique pour évaluer la stabilité des murs porteurs en maçonnerie de pierre. Les mesures de renforcement sismique suggérées seront par la suite mises en œuvre.

On pense que la tour est la dernière en son genre au Canada. Aucune nouvelle utilisation de la tour n’a encore été trouvée.