Construction : Vers 1830
Architecte : Inconnu
Emplacement : 3436, promenade Prince of Wales, Ottawa
Ce cottage historique en pierre a été construit vers 1830 par Thomas Moodie, un maçon travaillant à la construction du canal Rideau. Il sera la maison du responsable de la paie avant que le capitaine Stephen Collins, Loyaliste de l’Empire-Uni, en prenne possession. Celui-ci deviendra un acteur important dans le gouvernement local au cours des années 1830 et 1840.
La maison était une structure de pierre d’un étage et demi, face à la rivière Rideau. Elle avait un toit à pente douce et de grandes fenêtres à guillotine à 12 carreaux sur 12. Les murs sont en moellons, avec des pierres d’angle parées. La maison Stephen Collins est un élément important du paysage culturel exceptionnel le long d’une rivière du patrimoine canadien. Elle a depuis longtemps été reconnue comme faisant partie intégrante du caractère patrimonial du corridor Rideau.
La famille Collins habitera la maison jusqu’en 1884, quand elle est vendue à James Mansfield, de Perth. À ce moment, des rénovations sont entreprises. La pente du toit est modifiée, des pignons à garnitures « pain d’épices » sont ajoutés à l’avant et à l’arrière, et une véranda de deux étages est construite.
Les Mansfield occupent la maison jusqu’en 1958, puis elle est vendue à la société Shenkman. Elle sera ensuite louée à divers locataires pendant 40 ans.
En 1988, la Ville de Nepean désigne la maison Stephen Collins et un terrain d’environ 1,5 acre en vertu de la partie IV de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario.
En 2000, le conseiller en restauration structurale Craig Sims est engagé pour inspecter la maison. Le 23 octobre, son rapport conclut qu’elle est solide et qu’elle présente de nombreux traits architecturaux rares.
Également en 2000, la maison Stephen Collins paraît menacée. Elle est considérée comme une entrave à un nouveau lotissement, appelé Chapman Mills. Il s’agit d’un projet de la South Nepean Development Corporation (SNDC), un partenariat entre le promoteur immobilier Minto et la société Shenkman.
La SNDC avait initialement discuté avec la Ville de Nepean de l’hypothèse que la maison historique serait conservée et intégrée dans le nouveau quartier comme une entité distincte.
C’est donc contre toute attente que le 3 août 2000, la SNDC demande un permis de démolir.
Patrimoine Ottawa apprend seulement que la maison est menacée de démolition en janvier 2001, après la fusion des 11 municipalités de la région qui constitueront désormais une seule ville.
Le 22 janvier 2001, la présidente de Patrimoine Ottawa Carolyn Quinn adresse une lettre au président de Minto Developments Inc., Roger Greenberg. Elle lui rappelle l’important devoir de conservation de la SNDC. « Donnez un sens véritable au slogan de Chapman Mills, “une communauté de l’avenir avec des racines dans le passé”, en prenant tous les moyens possibles pour préserver cette maison historique exceptionnelle qui contribue tant au patrimoine culturel de notre nouvelle ville », écrit-elle.
Patrimoine Ottawa offre d’aider à trouver une solution qui conserverait la maison sur place, et la SNDC y est attentive. M. Greenberg indique que Minto est ouverte à une solution créative, et il autorise Patrimoine Ottawa à accéder à la propriété en février 2001.
Le 22 mars 2001, Carolyn Quinn, Sandy Smallwood – d’Andrex Holdings – et l’architecte en conservation Julian Smith rencontrent le vice-président de Minto Régis Trudel. Ils discutent d’options prévoyant un échange de la maison contre du terrain, ce que la Ville est disposée à envisager.
Pour sensibiliser le public à la question, Mme Quinn alerte les journaux, la radio et la télévision à propos de la démolition prévue, et les tient au courant de l’évolution du dossier. Les médias suivent l’affaire, qui suscite de vives protestations du public.
En mars 2001, la SNDC accepte de reporter la demande de permis de démolir, pour laisser plus de temps à la quête d’une solution négociée.
Avant la fin de l’année, la SNDC et la Ville annoncent que l’organisme Ottawa Valley Autistic Homes (OVAH) bénéficiera d’un bail à long terme sur la maison, sans frais. La Ville accepte de renoncer à tous les droits et redevances d’aménagement.
Cependant, OVAH ne parvient pas à réunir les fonds nécessaires en vue d’adapter la maison à une vocation de résidence collective.
En 2005, la propriété est vendue au promoteur immobilier Ted Phillips, du groupe Taggart, qui en fait sa résidence privée.
La maison Stephen Collins est encore aujourd’hui une résidence privée. De nombreux arbres ont été plantés, de sorte que la maison n’est plus visible au public.