14. Maison et jardins Maplelawn

Construction :  1831 à 1834

Architecte :  Inconnu

Emplacement :   529, rue Richmond, Ottawa

 

La propriété qu’on appelle Maplelawn, ou Keg Manor, dans le quartier Westboro d’Ottawa, faisait jadis partie d’une ferme prospère en périphérie de Bytown. Elle a une longue histoire, à laquelle sont associées trois familles éminentes de la communauté : les Thompson, les Cole et les Rochester.

La maison en pierre de deux étages et demi de style géorgien a été construite (1831 à 1834) pour l’immigrant écossais William Thompson. Sa façade symétrique à cinq baies, les deux colonnes de part et d’autre de l’entrée, le muret de pierre calcaire surmonté d’un chaperon moulé et un vaste jardin potager entouré sur trois côtés d’un mur de moellons de pierre calcaire sont autant de traits caractéristiques de la propriété.

Thomas Cole, qui a fait fortune dans le bois, se porte acquéreur de la ferme en 1877 et la rebaptise « Ferme laitière Parc Highland ». En 1895, il la vend à son fils John. Celui-ci y installe l’électricité, en faisant une des premières fermes au Canada dotée d’éclairage et de machines électriques.

En 1935, Lloyd B. Rochester achète Maplelawn de la famille Cole (à laquelle il est apparenté par alliance). Il engage l’architecte paysagiste R. Warren Oliver, formé à Guelph et travaillant à la Ferme expérimentale centrale, le chargeant de refaire les jardins.

Oliver conçoit un espace rempli de vivaces ornementales. Les vergers et les potagers sont transformés en pelouses, mais la disposition générale des plates-bandes, bordures et sentiers est conservée. C’est sous l’égide des Rochester que la maison est nommée Maplelawn.

En 1952, la Commission du district fédéral (précurseur de la Commission de la capitale nationale) achète la propriété pour assurer sa préservation. Frances Rochester, veuve de Lloyd, continuera d’y habiter jusqu’en 1989.

Cette même année, Maplelawn, avec ses jardins, est officiellement désignée lieu historique national du Canada. Les jardins seront reconnus comme étant « les mieux préservés parmi les rares exemples connus de jardins clos du début du XIXe siècle au Canada », et la maison, pour la qualité de sa réalisation et son allure « exceptionnelle ».

L’architecte paysagiste John J. Stewart effectue un levé du jardin clos en l’état. Il constate que les plantes d’Oliver ont largement survécu là où elles avaient été plantées, ce qui permettra à la CCN de restaurer le jardin tel qu’en 1936.

En 1993, voyant que la maison restait inoccupée depuis 1989 et que les jardins ne recevaient qu’un minimum de soins, les bénévoles Ann Faulkner et Nancy Smith forment le groupe des Amis des jardins Maplelawn. Celui-ci conclut une entente avec la CCN en vue de préserver et remettre en état le jardin clos.

En 1994, la Ville d’Ottawa désigne Maplelawn et ses jardins en vertu de la partie IV de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario. L’ensemble devenait ainsi un des rares paysages historiques désignés à Ottawa.

En 1995, la CCN loue la maison Maplelawn à Peter Fallis, qui y apporte de vastes rénovations pour y ouvrir un café-restaurant. Cependant, une suite de revers accule rapidement l’établissement à la faillite. En 1999, un bail est conclu avec la chaîne de restaurants The Keg, qui y crée une nouvelle succursale : « Keg Manor ».

L’intégrité de Maplelawn semblait être assurée. Cependant, à l’automne 2003, la Ville d’Ottawa vend l’immeuble Denis Coolican voisin et son terrain de 3,5 acres. Deux projets proposés pour les lieux posent une grande menace : un immeuble de six étages à 20 mètres à peine à l’est du jardin clos et deux tours de condominiums de 24 étages qui remplaceraient l’immeuble Denis Coolican.

Face aux préoccupations exprimées par Patrimoine Ottawa et la communauté locale, le promoteur immobilier propose en 2004 un projet plus modeste. L’immeuble Denis Coolican sera loué à un nouveau locataire, et une résidence de retraite de six étages sera construite bien à l’est de Maplelawn.

Maplelawn est une des rares survivantes parmi les grandes demeures qui longeaient jadis le chemin Richmond. Son magnifique jardin clos reste une précieuse oasis au sein de la ville.