Construction : 1873-1875 | Agrandissement :1898
Architectes : Robert Surtees | Alexander Hutchinson
Emplacement : 589, rue Rideau, Ottawa
En 1873, l’Hôpital général protestant du comté de Carleton demande à l’architecte Robert Surtees (1835-1906), qui deviendra plus tard l’ingénieur de la Ville d’Ottawa, de dessiner un nouvel hôpital au 589, rue Rideau. L’immeuble devait remplacer un hôpital plus petit juste à l’est, construit en 1851 avec des fonds recueillis par la communauté protestante de Bytown pour répondre à l’épidémie de typhus de 1847.
En raison de dépassements des coûts, la construction de l’immeuble de trois étages et demi en style néo-reine-Anne sera limitée au bloc central et à l’aile ouest. En 1898, une aile conçue par l’architecte montréalais Alexander Hutchison (1832-1922) est ajoutée du côté est de l’hôpital. L’annexe de style néo-Tudor en brique en saillie comporte une fenêtre en baie sur deux étages et un parapet à pignon arrondi.
L’immeuble est encore agrandi en 1912 : l’aile est reçoit un étage supplémentaire et est prolongée vers la rue, avec un solarium à chaque étage (dont un seul a survécu, au rez-de-chaussée).
En 1924, après sa fusion avec d’autres établissements de santé d’Ottawa pour former l’hôpital Civique sur l’avenue Carling, l’ancien hôpital est vendu à la Corporation épiscopale catholique romaine qui en fait un séminaire mineur et majeur pour les études classiques et la formation au sacerdoce.
En 1943, le ministère des Travaux publics acquiert l’immeuble pour la Marine canadienne. Celle-ci y logera son premier régiment féminin, le Service féminin de la Marine royale du Canada, appelé familièrement les Wrens.
C’est à cette époque que l’immeuble reçoit le nom de Maison Wallis, d’après l’amiral sir Provo William Parry Wallis, né au Canada (1791-1892). Des améliorations y sont apportées, y compris un système de gicleurs.
Après la démobilisation des WRENS en 1945, la Maison Wallis est réquisitionnée pour loger des vétérans au retour de la guerre et leurs familles. En 1950, elle retrouve une vocation militaire. Le 28e Bataillon des services, le 763e Régiment des communications et leurs corps de cadets seront les dernières unités à quitter l’immeuble, qui sera ensuite déclaré excédentaire en octobre 1990.
La maison Wallis est désignée en vertu de la partie IV de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario en 1990.
La première menace à peser sur la Maison Wallis apparaît en 1991. N’étant pas parvenu à vendre l’immeuble au prix demandé de 4,2 millions de dollars, le ministère des Travaux publics décide de le démolir.
En septembre 1993, le prix est réduit à 789 000 $. Voilà qui est encourageant, mais l’immeuble vacant n’a guère été entretenu et entame son troisième hiver sans chauffage. En février, trois propositions de restauration ont été soumises, mais les négociations se sont enlisées.
La présidente de Patrimoine Ottawa Louise Coates invite les journalistes à braver le froid le 21 février, jour de la Fête du patrimoine, pour assister à une manifestation devant la Maison Wallis. Il s’agit de faire valoir la nécessité d’une solution qui conserverait l’immeuble. Au bout d’un mois de délibérations, Travaux publics refuse une offre de transformation prévoyant des appartements au prix du marché et des maisons en rangée au nord, et du logement sans but lucratif à l’est.
Patrimoine Ottawa, des élus et des groupes communautaires exercent tant de pressions que le gouvernement lance un nouvel appel d’offres, avec échéance le 18 avril 1994. Patrimoine Ottawa écrit au ministre Lloyd Axworthy en 1995, l’encourageant à appuyer une solution de conservation :
« Ces offres sont intéressantes sur le plan économique à la fois parce qu’elles dispensent Travaux publics des frais de nettoyage du site et parce qu’elles restaurent un immeuble afin qu’il puisse de nouveau servir, revitalisant la rue et la communauté environnante. »
Une offre d’achat de 320 000 $ présentée par Sandy Smallwood, de la société Andrex Holdings, sera acceptée. Ainsi prend fin la détérioration d’un important immeuble du patrimoine.
La réhabilitation de la Maison Wallis et sa transformation en ensemble de 47 lofts-condominiums sont réalisées par les cabinets d’architectes Julian Smith d’Ottawa et Paul Merrick de Vancouver. Le projet est financé par la vente d’une partie de la propriété à la société Domicile Developments et d’une autre, à la Ville d’Ottawa. Domicile Developments construira 24 maisons en rangée sur la rue privée Brigadier, le long du parc Macdonald Gardens. La Ville érigera pour sa part un immeuble de sept étages d’appartements à loyer selon le revenu, Lady Stanley Place, sous l’égide de la Société de logement communautaire d’Ottawa.
Lors de la mise en vente par anticipation des 46 unités de condominiums de la Maison Wallis, toutes ont été achetées en moins de 36 heures. À la fin des travaux, la Maison Wallis a été officiellement ouverte le 19 octobre 1996. Elle lançait ainsi à Ottawa la tendance à « la vie en loft » dans des immeubles historiques transformés.