1. GARE UNION | CENTRE DE CONFÉRENCES DU GOUVERNEMENT

CONSTRUCTION :  1909 à 1912

ARCHITECTES :  Ross & MacFarlane, Montréal

EMPLACEMENT :  2, rue Rideau, Ottawa

 

L’édifice de l’ancienne gare Union, qui était à l’origine la gare centrale du Grand Tronc, est l’œuvre du cabinet d’architectes montréalais Ross & MacFarlane. D’emblée, le conseil municipal et les journaux avaient louangé sa « beauté saisissante ». Le style Beaux-Arts s’y exprime dans un recours théâtral, monumental et plein d’assurance à des formes classiques telles que colonnes, entablements, pilastres, dômes et arches.

La gare Union était la gare ferroviaire centrale d’Ottawa. Elle a été érigée sur l’emplacement de l’ancienne gare centrale construite en 1896 par le chemin de fer Canada Atlantique. Celui-ci avait été mis sur pied quelque 18 ans plus tôt par le baron du bois canadien John R. Booth.

La construction de la nouvelle gare a commencé en juillet 1909. Après de nombreux retards, elle a finalement été ouverte au public en juin 1912.

L’hôtel Château Laurier, construit en même temps et situé directement en face, a été inauguré le même jour. L’hôtel et la gare étaient reliés par un tunnel.

Une menace a pesé sur la gare Union à partir de la fin des années 1940, quand le « Plan Gréber » a recommandé que les voies ferrées soient éliminées du centre d’Ottawa en faveur d’une route panoramique. Dans cette optique, le 1er décembre 1959, la Commission de la capitale nationale (CCN) a conclu avec les compagnies de chemins de fer un accord prévoyant la construction d’une nouvelle gare au sud-est du centre-ville, dans le secteur du pont Hurdman, pour remplacer la gare Union.

La gare Union a cessé de recevoir des trains de passagers en 1966. Lorsqu’il est devenu évident qu’elle était destinée à être démolie pour faire place à un stationnement à l’intention des visiteurs pendant le Centenaire de 1967, des voix se sont élevées pour s’y opposer.

LES RACINES DE PATRIMOINE OTTAWA

Constance Wright a plaidé éloquemment pour la préservation du patrimoine architectural d’Ottawa – et en particulier de la gare Union. Elle s’exprimait au nom d’un comité pour l’embellissement d’Ottawa en vue du Centenaire (ce comité formerait plus tard un sous-comité sur le patrimoine qui allait devenir Patrimoine Ottawa).

Ses arguments, publiés dans le quotidien The Ottawa Journal le 5 mars 1966, ont suscité une mobilisation contre la démolition imminente de la gare Union.

Face à la protestation publique, le ministre des Travaux publics George McIlraith a annoncé le 14 juillet 1966 que l’édifice bénéficierait d’un sursis d’un an.

En 1967, la gare Union a servi de centre des visiteurs très apprécié pendant les célébrations du Centenaire. Le 2 septembre 1969, il a été annoncé que l’immeuble serait transformé en Centre des conférences du gouvernement.

R.A.J. (Bob) Phillips, membre fondateur et un temps président de Patrimoine Ottawa, a résumé comme suit le combat mené pour sauver la gare Union, dans le numéro de décembre 1981 d’Ottawa Magazine :

« En 1966, le dernier train a quitté la gare Union parce que les tristes triages encombrant les abords du canal Rideau devaient devenir des parcs publics. Il restait le noble édifice construit en 1912 à titre d’espèce de cathédrale à une époque où les chemins de fer étaient vénérés. Inspiré par les bains romains de Caracalla, l’édifice devait planer au-dessus du quotidien, élever l’âme et faire l’éloge du train à vapeur. Qu’allait-il devenir?

« Les planificateurs gouvernementaux avaient réglé la question : il serait remblayé pour faire place à un stationnement qui accueillerait les autocars de touristes lors des célébrations du Centenaire. Des Ottaviens soucieux de l’intérêt public, notamment le comité pour l’embellissement d’Ottawa, ont pensé que c’était une curieuse façon de célébrer le Centenaire. Ils ont rédigé des lettres, milité auprès des journaux, pris la parole à la radio et à la télévision et pourchassé les élus dans les corridors du pouvoir. Un sursis d’un an a été acquis pour que la gare VNION (ainsi que son nom était gravé dans la pierre) serve de centre du Centenaire en 1967. Quand l’idée d’un centre national de conférences est ensuite apparue, l’édifice a été sauvé. (Nous avons aussi sauvé quelques millions de dollars des contribuables en rénovant au lieu de construire à neuf.) »

Grâce à l’action pionnière menée par nos fondateurs, la gare Union a été le premier de nombreux immeubles du patrimoine à être sauvés avec l’aide du comité qui deviendrait Patrimoine Ottawa.

La gare Union a été désignée édifice fédéral du patrimoine classé en janvier 1989, en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il présente sur le plan architectural et de son éminence comme point de repère d’Ottawa et de la région. Elle a été inscrite au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux en janvier 2006.

L’ancienne gare Union | Centre de conférences du gouvernement fait actuellement l’objet de vastes travaux de restauration et de réhabilitation en prévision de sa prochaine vocation, comme siège temporaire du Sénat lorsque l’édifice du Centre du Parlement sera lui-même profondément restauré.