Construction : 1888-1890 | Structural Reinforcements: 1967 | Adaptive Reuse: 2008
Architectes : James R. Bowes | J. S. Lefort | Barry Padolsky Associates, Architects
Emplacement : 310, rue St. Patrick, Ottawa
L’église St. Brigid a été construite pour les paroissiens anglophones, principalement irlandais, de la cathédrale Notre-Dame dans la Basse-Ville d’Ottawa. Achevé en 1892, l’imposant édifice est l’œuvre de l’architecte d’Ottawa James R. Bowes (1852-1892). Il était à l’époque qualifié de néoroman (mais on le dirait aujourd’hui du style néogothique de l’apogée victorienne).
Située à l’angle sud-ouest de l’intersection des rues St‑Patrick et Cumberland, l’église est construite en pierre de Gloucester, avec des ornements en marbre de Renfrew et en pierre de taille du Nouveau-Brunswick. Elle se distingue par ses deux clochers de hauteur différente flanquant le parapet du pignon avant. Le clocher dominant, qui fait 150 pieds, est couronné par un toit en dôme reposant sur une base octogonale.
Le plan de St. Brigid est classique, en forme de croix. Dans la nef centrale et les deux latérales, le plafond gothique à voûte en éventail est réalisé en bois et est soutenu par une rangée de colonnes en fonte marbrée. Les hautes fenêtres en vitrail ont été fournies par Castle et fils, de Montréal.
En 1907, une rénovation majeure de l’intérieur ajoute cinq peintures murales de Toussaint-Xénophon Renaud représentant la nativité, la croix à bannière, la descente de la croix, Joseph et l’immaculée conception. Un nouvel orgue Casavant est installé en 1911.
En 1965, peu après que de nouveaux égouts ont été enfouis sous l’avenue King Edward, les paroissiens constatent que la fondation de l’église a bougé et que les deux murs latéraux penchent vers l’extérieur. Deux ans plus tard, l’architecte J.S. Lefort conçoit des contreforts en béton armé qui seront ajoutés aux contreforts d’origine en pierre. En même temps, le sanctuaire est repeint, ce qui occultera les cinq murales de Renaud et la décoration détaillée ornant les voûtes du plafond.
DÉSIGNATION PATRIMONIALE
En 1981, la Ville d’Ottawa désigne l’intérieur et l’extérieur de l’église St. Brigid en vertu de la partie IV de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario. Voilà qui donne accès à des subventions pour aider à restaurer les clochers et divers éléments intérieurs dont les murales, l’orgue et les vitraux.
La Fiducie du patrimoine ontarien obtient en 1992 une servitude de conservation du patrimoine de la propriété. En 2004, les paroissiens fourniront des fonds supplémentaires pour la restauration des murales.
En mai 2006, l’archevêque Marcel Gervais annonce à l’improviste que St. Brigid sera fermée et vendue. Sa décision découle de la baisse de la fréquentation dominicale et du coût de la restauration de la cathédrale Notre-Dame et de la basilique St. Patrick.
Patrimoine Ottawa écrit alors à l’archevêque pour le presser de changer d’avis. L’organisme lance aussi un appel à l’action citoyenne, notant que la Fiducie du patrimoine ontarien vient d’approuver une subvention de 25 000 $ pour la réparation du toit de l’église. Une campagne d’envoi de lettres à l’archevêque Gervais insiste sur la responsabilité morale de l’Archidiocèse de chercher des façons créatives de préserver l’église.
Une requête introduite en Cour divisionnaire par les paroissiens visant à interdire la fermeture de l’église St. Brigid échoue en 2006, de même que les nombreuses démarches auprès de l’archevêque Gervais. Patrimoine Ottawa organise en avril 2007 une assemblée réunissant près de 100 personnes. Des élus, des paroissiens, des membres de la communauté et des défenseurs du patrimoine discutent de la façon dont cet important immeuble pourrait adopter une nouvelle vocation séculaire.
CONVERSION EN CENTRE CULTUREL IRLANDAIS
Le 17 septembre 2007, après une ultime cérémonie religieuse, l’église est désacralisée. Peu après, des membres de la communauté irlandaise d’Ottawa achètent l’immeuble pour y établir le Centre des arts St. Brigid, un centre culturel canado-irlandais.
Le cabinet d’architectes Barry Padolsky Associates Inc. élabore le plan d’adaptation de l’édifice en vue d’activités sociales et culturelles. Les travaux comprendront l’ajout de toilettes, l’aménagement d’une aire de réception au sous-sol et l’aménagement d’un accès sans obstacle.
Pendant les 15 années suivantes, le Centre des arts St. Brigid a accueilli des concerts, des expositions d’art, des activités de financement, des conférences, des réceptions privées et des activités culturelles irlandaises. Cependant, il ne s’est jamais rétabli des difficultés économiques découlant de la pandémie de COVID-19. En août 2021, la propriété a été mise en vente en tant que bien offrant un énorme potentiel de réaménagement, au prix de 5 950 000 $.
Une entente d’achat conditionnelle a été négociée en juin 2022 avec le groupe Peuples unis du Canada, qui aurait des liens avec le controversé « Convoi de la liberté » ayant occupé le centre-ville d’Ottawa en février. En septembre, le groupe a été expulsé sur ordonnance du tribunal pour défaut de paiement de caution et de loyer.
En octobre, sous l’égide du conseiller municipal d’alors Mathieu Fleury, une « table de leaders communautaires » a été formée, comprenant des représentants de Patrimoine Ottawa et de l’Association communautaire de la Basse-Ville, ainsi que la députée provinciale et la députée fédérale d’Ottawa-Vanier. Le groupe a pour objectif de conserver le lieu historique tout en collaborant avec la Ville et d’autres instances gouvernementales afin de trouver des moyens viables d’adapter l’édifice en vue d’une nouvelle vocation et d’encourager des investissements du secteur privé.