Construction : 1887
Démolition : 2010
Architecte : Georges Bouillon (1841-1932)
Emplacement : 1135 March Road, Ottawa
La première église construite à l’intention des familles catholiques de l’ancien canton de March était une modeste chapelle de cèdre érigée en 1836 sur la ferme de John Lahey, au bord du chemin March. En 1884, la paroisse St-Isidore comptait 97 familles, ce qui justifiait une nouvelle église.
En 1885, le prêtre-architecte Canon Georges Bouillon (1841-1932) est invité à dessiner une église permanente en pierre. Il choisit le style classique français que les architectes ont popularisé au Bas-Canada. L’église sera bénie par l’archevêque Joseph Thomas Duhamel le 9 octobre 1887.
La nouvelle église catholique St-Isidore présente une façade à pignon avec une entrée principale au sommet en demi-cercle flanquée de deux entrées semblables, mais moins hautes. Au-dessus des entrées, une fenêtre également en plein cintre surmonte chacune des portes. Les murs sont faits de moellons de grès de Nepean équarris à assise brisée. Des pierres régulières forment les angles. Un clocher s’élève à l’extrémité est du toit à forte pente.
Le clocher recevra une cloche en 1891, et un presbytère en brique de deux étages et demi sera complété en 1899, au nord de l’église. Il survit jusqu’à ce jour.
De nombreux changements seront apportés à l’église au fil des ans. Parmi eux figure l’installation de 36 vitraux commémoratifs, qui seront bénis par l’archevêque Alexandre Vachon le 5 mai 1940 pour souligner le centenaire de la paroisse.
Au début des années 1990, le nombre de paroissiens ayant augmenté sensiblement, une réflexion est entamée sur le réaménagement de l’église. Celle-ci ne comporte ni narthex, ni toilettes ni fonts baptismaux. Un groupe de travail sur l’agrandissement de St-Isidore est mis sur pied en 2005 pour faire le point sur le travail de comités précédents et présenter des recommandations. Chacun des membres du groupe de travail tient à sauver l’église.
Une proposition est présentée, prévoyant l’ajout d’installations et un agrandissement des lieux de prière, mais ne retenant que la moitié de l’église existante. Le projet de 7,1 millions de dollars sera rejeté, étant jugé hors de portée au regard des capacités de la paroisse de recueillir des fonds.
Une demande de désignation de l’église St-Isidore est soumise à la Ville d’Ottawa en juillet 2008.
En mai 2009, l’architecte en conservation et membre du conseil d’administration de Patrimoine Ottawa Ken Elder inspecte l’église pour évaluer ses qualités patrimoniales et son état. Il constate seulement deux problèmes notables : une fissure sur le mur ouest qui doit être surveillée; et une accumulation d’eau dans le vide sanitaire, attribuable à l’asphaltage du stationnement qui envoie l’eau de surface vers les murs.
Peu après la visite de M. Elder et la veille de l’inspection prévue par un ingénieur municipal, le clocher est enlevé, soi-disant pour des motifs de sécurité, sans permis. La cloche sera conservée.
Le 26 mai 2009, le comité consultatif local pour la conservation de l’architecture (CCLCA) recommande à l’unanimité que le conseil municipal approuve la désignation patrimoniale malgré la vive opposition du groupe de travail sur l’agrandissement de St-Isidore. Des membres du conseil d’administration de Patrimoine Ottawa s’étaient exprimés en faveur de la désignation de l’église.
Lors d’une réunion du Comité de l’agriculture et des affaires rurales (CAAR), deux jours plus tard, l’intervention de nombreux paroissiens, de Des Adam (diacre et ancien maire de Kanata) et de l’archevêque d’Ottawa produit son effet. Le CAAR recommande la démolition, sous réserve que « l’église agrandie comprendra : la maçonnerie, les vitraux et la cloche faisant partie de l’église existante ainsi qu’une réplique de l’ancien clocher ».
Le conseil municipal rejette la recommandation du CCLCA concernant la désignation et adopte plutôt celle du CAAR.
La démolition de l’église catholique St-Isidore construite en 1887 commencera en août 2010. La nouvelle église, œuvre de l’architecte Ralph Vandenberg, sera construite au coût de 5,5 millions de dollars. L’archevêque Terrence Prendergast la consacrera le 14 janvier 2012.
Malgré les intentions exprimées, les pierres d’origine n’ont aucunement été intégrées à la nouvelle construction.
L’église catholique St-Isidore était un rare exemple survivant des œuvres de Canon Bouillon en Ontario, et le seul exemple de son recours au style classique français dans la province.